Les différentes addictions, comment savoir si vous êtes addict et comment s’en sortir
En tant que psychologue spécialisé dans les addictions, j’ai souvent l’occasion d’échanger avec des personnes qui souffrent de dépendance, sous des formes variées. L’addiction peut concerner des substances (alcool, tabac, drogues) ou des comportements (jeux d’argent, écrans, achats compulsifs, etc.). Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon des différentes formes d’addiction, les signes qui peuvent alerter et des pistes pour s’en sortir.
Une addiction se caractérise par l’incapacité répétée à contrôler un comportement ou une consommation malgré la conscience de ses conséquences négatives. Autrement dit, la personne dépendante est poussée par un désir intense, parfois irrépressible, de consommer une substance ou de réaliser une action pour obtenir un effet de soulagement, de plaisir ou d’échappatoire.
Quelques points essentiels :
L’addiction n’est pas uniquement liée à la volonté : c’est un phénomène complexe qui implique à la fois des mécanismes biologiques, psychologiques et sociaux.
Les facteurs de vulnérabilité diffèrent d’une personne à l’autre (histoire de vie, environnement, prédispositions génétiques, etc.).
On distingue généralement l’addiction à une substance (alcool, drogues, tabac, etc.) de l’addiction comportementale (jeux, sexe, écrans, réseaux sociaux, achats compulsifs, etc.).
2.1. L’alcool
L’alcool est une substance psychoactive légale et socialement intégrée, ce qui rend son abus parfois plus difficile à repérer.
La dépendance alcoolique se manifeste par un besoin de consommer fréquemment ou de façon excessive, une difficulté à s’en passer et des symptômes de manque (tremblements, anxiété, irritabilité, etc.) lorsque la consommation s’arrête.
2.2. Le tabac
Le tabac, notamment via la nicotine, est également très addictif.
La dépendance se caractérise par une tolérance élevée (besoin d’augmenter la consommation), des difficultés à arrêter ou à réduire sa consommation et des symptômes de manque (irritabilité, troubles du sommeil, envie pressante de fumer).
2.3. Les drogues illicites
Cocaïne, héroïne, cannabis, méthamphétamines, etc. : chaque substance possède son propre mécanisme d’action et ses propres risques.
Les drogues modifient le fonctionnement du cerveau, entraînant un phénomène de craving (envie irrépressible) et de manque physique ou psychique.
2.4. Les jeux d’argent et de hasard
Machines à sous, paris sportifs, loteries : les jeux de hasard peuvent devenir une addiction à cause du “frisson” et de l’excitation provoqués par le gain potentiel.
On observe souvent des difficultés financières, des mensonges ou des dissimulations, et une focalisation excessive sur le jeu.
2.5. L’addiction aux écrans et aux réseaux sociaux
L’omniprésence des écrans (smartphone, ordinateur, tablette) et l’attrait des réseaux sociaux (Instagram, TikTok, etc.) peuvent entraîner une surconsommation néfaste.
Perte de la notion du temps, isolement social, trouble du sommeil, anxiété en cas de déconnexion sont des signes à prendre au sérieux.
2.6. L’addiction au sexe et à la pornographie
Elle se caractérise par des pulsions sexuelles incontrôlables qui causent de la détresse ou des conséquences négatives dans la vie quotidienne (travail, couple, famille).
Le recours fréquent et compulsif à la pornographie peut engendrer une vision déformée de la sexualité et des difficultés relationnelles.
2.7. Les achats compulsifs
L’achat compulsif devient problématique lorsque l’acte d’acheter procure un soulagement ou un plaisir intense et qu’il est répété de manière à entraîner des difficultés financières et un mal-être psychologique.
Souvent, la personne regrette ses achats peu après, mais n’arrive pas à se contrôler la fois suivante.
Plusieurs signes peuvent vous alerter et vous pousser à vous questionner sur votre rapport à une substance ou à un comportement :
Perte de contrôle : Vous avez l’impression de ne plus maîtriser votre consommation ou votre comportement. Vous vous dites souvent : “Juste un peu plus et j’arrête” sans y parvenir. Les pensées et envies de consommer deviennent intrusives et de plus en plus fréquentes.
Tolérance accrue : Vous avez besoin d’augmenter les doses ou la fréquence pour ressentir les mêmes effets.
Manque et symptômes de sevrage : En cas d’arrêt ou de réduction, vous ressentez un mal-être, une forte envie (craving), de l’irritabilité, de la nervosité, des tremblements ou d’autres symptômes physiques et psychologiques.
Conséquences négatives : Votre consommation ou votre comportement a un impact sur votre vie sociale (conflits familiaux, amicaux), professionnelle (absentéisme, perte de productivité) ou sur votre santé (problèmes physiques ou psychologiques).
Incapacité à réduire ou arrêter : Malgré plusieurs tentatives d’arrêt ou de diminution, vous retombez toujours dans le même schéma.
Culpabilité ou honte : Vous ressentez de la culpabilité ou de la honte par rapport à votre comportement, mais cela ne suffit pas à vous faire arrêter.
Si vous vous reconnaissez dans au moins trois ou quatre de ces critères, il est possible que vous souffriez d’une forme de dépendance. Ne minimisez pas ces signaux et n’hésitez pas à vous tourner vers un professionnel de santé (médecin, psychologue, addictologue) pour un diagnostic précis.
4.1. Prendre conscience de la problématique
L’étape la plus essentielle est d’admettre l’existence d’un problème.
Il est souvent difficile de briser le déni, car l’addiction peut remplir une fonction de “réconfort” ou d’“échappatoire” pour la personne.
4.2. Se faire accompagner par un professionnel
Psychologues et addictologues sont des interlocuteurs privilégiés. Ils peuvent proposer un suivi psychothérapeutique et médical adapté.
Les médecins généralistes peuvent aussi être d’un grand soutien, notamment pour orienter vers des structures spécialisées (CSAPA, consultations en addictologie, etc.).
4.3. Les approches thérapeutiques
Thérapie cognitive et comportementale (TCC) : elle se concentre sur la modification des pensées et des comportements inadaptés liés à l’addiction.
Entretien motivationnel : permet de renforcer la motivation au changement et d’accompagner la personne dans la définition d’objectifs réalistes.
Thérapies de groupe (type groupe de parole, Alcooliques Anonymes, Narcotiques Anonymes, Joueurs Anonymes) : le partage d’expérience et le soutien mutuel peuvent être d’une grande aide.
Approche médicamenteuse : dans certains cas, le médecin peut prescrire des traitements pour réduire les symptômes de manque ou pour accompagner le sevrage.
4.4. Créer un environnement favorable
Éviter les situations à risque : diminuer les tentations en changeant certaines habitudes, en modifiant son entourage ou en évitant certains lieux de consommation.
Se fixer de nouveaux objectifs : investir son temps dans des activités nouvelles, des loisirs qui procurent du plaisir ou un sentiment d’accomplissement (sport, art, musique, etc.).
S’entourer de personnes bienveillantes : ami(e)s, famille, groupes de soutien. Ne pas rester isolé.
4.5. Cultiver une bonne hygiène de vie
Le sommeil et l’alimentation sont des piliers importants pour notre équilibre psychique et physique.
La pratique régulière d’activités physiques aide à réguler l’humeur, à diminuer le stress et à mieux gérer les envies liées à l’addiction.
Les techniques de relaxation (méditation, yoga, cohérence cardiaque) peuvent aider à mieux gérer les émotions et l’anxiété.
4.6. Se préparer aux rechutes
La rechute fait souvent partie du processus de guérison : ce n’est pas un échec, mais plutôt l’occasion de mieux comprendre les facteurs déclencheurs et de renforcer les stratégies d’évitement.
Il est important de rester bienveillant envers soi-même et de chercher du soutien rapidement en cas de retour à la consommation ou au comportement problématique.
5. Conclusion
Les addictions touchent de nombreuses personnes et peuvent prendre des formes variées (substances ou comportements). Reconnaître que l’on souffre d’une dépendance constitue déjà un grand pas vers la guérison. Il est ensuite indispensable de se faire accompagner par des professionnels et de s’entourer d’un réseau de soutien. Les approches thérapeutiques sont multiples et s’adaptent à chaque situation, car il n’existe pas de chemin unique pour sortir d’une addiction.
Se libérer d’une dépendance n’est pas toujours facile, mais c’est une démarche possible et surtout bénéfique sur le long terme. L’important est de ne pas rester seul face à ces difficultés et d’oser solliciter de l’aide. Les solutions existent, et chaque petit progrès compte pour retrouver une vie plus épanouie et équilibrée.
Nicolas Chapard, votre psychologue spécialisé dans les addictions, à paris 15ème et en téléconsultation partout ailleurs. Contact par mail ou téléphone 01 88 24 54 14 et prise de rendez-vous avec Doctolib